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Si vous avez suivi l'élection américaine dans les médias anglo-saxons, vous aurez certainement remarqué l'appellation bigot ou bigoted associé au camp Trump. Le sulfureux conseiller stratégique de ce dernier, Stephen Bannon, est particulièrement visé ces derniers jours : « [He is an] immoral, unethical, crass, vulgar, sexist, abusive, white supremacist, white nationalist, anti-Semitic, xenophobic bigot », écrit par exemple l'éditorialiste Shaun King.
Doit-on déduire de cet impressionnant chapelet d'épithètes que Bannon est non seulement un raciste mâtiné de néonazi, mais aussi une grenouille de bénitier, une punaise de sacristie, un Tartuffe ?
Par du tout. Alors qu'en français le bigot (ou la bigote) se caractérise par sa religiosité excessive, étroite ou hypocrite, le mot a acquis un sens étendu en anglais. Le bigot anglo-saxon manifeste une intolérance extrême de l'Autre, quel qu'il soit – femme, étranger, minorités sexuelle ou ethnique. On traduirait en français par sectaire.
En français, les termes bigotisme ou bigoterie dénoncent un moralisme religieux étroit, de ce fait souvent intolérant. Le Monde titre par exemple un article de 2011 sur le parcours de Ben Laden « du bigotisme au terrorisme ».
En anglais, par contre, la laïcité peut aussi être taxée de bigotry : en août dernier un éditorial du New York Times condamnait l'interdiction du maillot intégral sur certaines plages de la Côte d'Azur sous le titre « France’s burkini bigotry ».
Pour résumer, les bigots aux yeux des journalistes américains, sont les édiles qui, élevant la laïcité en religion d'Etat, prônaient la répression d'un vêtement vu comme l'expression d'une certaine forme de bigoterie islamique, au sens français du terme. Dialogue de sourds !
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Viviane Lowe